Archives 2010
Union Chorale La Tour-de-Peilz«Je devais avoir environ onze ans, quand mes parents m’ont fait entendre la première exécution à Genève de La Passion selon Saint Matthieu de Bach. Cela a été la plus grande expérience musicale de ma vie, et du début à la fin, j’ai en quelque sorte perdu conscience. J’ai été comme transporté au ciel et quand je suis revenu, je ne savais plus dans quelle salle j’étais. C’est une expérience que je n’ai jamais retrouvée, j’ai pu la retrouver par petits fragments quelquefois, mais une chose de cette importance, je ne l’ai jamais retrouvée.»
Frank Martin
Comment, dès lors, ne pas entrevoir l’impact que cette exaltation juvénile provoqua sur l’évolution artistique de Frank Martin ? Durant la Semaine Sainte de l’année 2010, à l’occasion du 120e anniversaire de la naissance du compositeur genevois, nous proposons d’offrir au public romand deux exécutions de la Passion selon Saint Matthieu de Bach, ainsi que de l’oratorio Golgotha de Frank Martin, à la cathédrale de Lausanne. Dominique Tille dirigera l’œuvre de Bach tandis que Nicolas Reymond et Romain Mayor prendront conjointement la direction de l’oratorio de Frank Martin. En outre, ces jeunes chefs de chœur seront accompagnés par l’Orchestre de Chambre de Lausanne et le Sinfonietta de Lausanne. Mais notre projet ne s’arrête pas là. La richesse thématique et musicale inhérente aux deux œuvres, leur portée spirituelle ainsi que la source de l’inspiration de Frank Martin pour son oratorio – la profonde impression qu’il avait ressentie face à l’eau-forte « Les trois Croix » de Rembrandt – nous ont invité à élargir le projet, sous le titre générique « La passion au croisement des regards ». Le collectif de musicologues Hors Portée proposera plusieurs manifestations culturelles en lien avec les œuvres jouées. Une exposition sur Frank Martin donnera une vision élargie de la vie et de l’œuvre du compositeur, alors que trois conférences données par des spécialistes viendront éclaircir certains sujets de manière approfondie. Plusieurs émissions sur la Radio Suisse Romande Espace 2 sont envisagées, parmi lesquelles une semaine de « Musique en Mémoire », du lundi au vendredi de 9h à 10h et en rediffusion à minuit. Le service Spiritualité dans la cité de l’Eglise protestante vaudoise propose d’aborder, en parallèle aux concerts, une réflexion sur le thème de la croix aujourd’hui. Une exposition portant le titre « La crucifixion au croisement des regards » retracera l’évolution de l’image de la crucifixion dans l’iconographie. Elle se tiendra au Forum de l’Hôtel de Ville et sera accompagnée de conférences et de visites commentées. Une retraite à Crêt-Bérard de trois jours offrira une approche à la fois musicologique et spirituelle de l’œuvre de Golgotha. Une approche plus existentielle sera proposée à la population par de multiples animations organisées pendant une semaine sous un chapiteau dressé au cœur de la ville. De son côté, la faculté de théologie et de science des religions prépare un cours public sur ce thème.
Première grande Passion de l’histoire de la musique depuis Jean-Sébastien Bach, Golgotha, composée entre 1945 et 1946, révèle le profond attachement de Frank Martin au cantor de Leipzig. En effet, lorsqu’on lui demandait quels compositeurs lui avaient servi de modèle, Frank Martin répondait inlassablement « Bach, hier, aujourd’hui et toujours. » Au printemps 1945, la vision de l’eau-forte Les Trois Croix de Rembrandt bouleversa le compositeur et suscita en lui l’idée d’une passion brève et sans emphase. Puis, se penchant sur les Ecritures, il se rendit rapidement à l’évidence : « Une pièce musicale de courte durée sur la passion se trouverait partout dépaysée ; je ne pouvais l’imaginer ni dans un récital de chant ni dans un concert symphonique. » Pour lui, le récit des derniers jours du Christ exige une forme ample et ambitieuse, une sorte d’oratorio qui ne renonce jamais à sa théâtralité, tout en ménageant une large place à la méditation. L’œuvre ne constitue donc pas seulement un acte de foi. Elle exprime aussi la volonté de partager un sentiment quasi mystique avec les auditeurs. Pour ce faire, Frank Martin réinterprète, en humaniste du XXe siècle, la structure traditionnelle de la Passion en musique. Golgotha est conçu pour cinq solistes, chœur et orchestre. Son architecture en deux parties, elles-mêmes divisées en cinq tableaux chacune, repose sur le récit biblique. Ce « drame » est en outre jalonné de différentes méditations prenant la forme d’airs pour solistes qui prolongent chaque épisode et empruntent leur texte à saint Augustin. Avec Golgotha, Frank Martin trouve le juste équilibre entre drame et méditation, entre introspection douloureuse et extériorité passionnée. L’œuvre n’est guère austère, mais grave et finalement sereine.
Lundi 29 et mardi 30 mars 2010
Cathédrale de Lausanne, 20 h 00
GOLGOTHA de Frank MARTIN (1890 – 1974)
Chœur Ardito, Lausanne
Chœur Laudate, Lausanne
Chœur Post-Scriptum, Morges
Union Chorale, La Tour-de-Peilz
Direction: Romain MAYOR et Nicolas REYMOND
Orchestre de chambre de Lausanne
Gilles CACHEMAILLE, baryton
Sophie GRAF, soprano
Elisabeth GRAF, alto
Rolf ROMEI, ténor
Eric FERGUSSON, basse
Dimanche 5 décembre 2010
Temple de La Tour-de-Peilz, 17 h 00
Vendredi 17 décembre 2010
Temple de Bex, 20 h 00
De PALESTRINA à HOSTETTLER
Du contrepoint à l’harmonie…
De la renaissance au moderne…
Ce concert retrace une évolution de la musique de ces 500 dernières années. Le texte reste au centre de l’inspiration des compositeurs qui, au fil du temps, ont décliné les mêmes thèmes chrétiens avec leur foi, leurs moyens et dans le respect des normes de leur époque.
Salomé Glardon, soprano
Benjamin Righetti, orgue
Giovanni Palestrina (1525 – 1594)
Kyrie de la Messe Ad Fugatum
Heinrich Schütz (1585 – 1672)
Magnificat allemand
Johann Pachelbel (1653 – 1706)
Magnificat
Antonio Lotti (1665 – 1740)
Sanctus de la Missa Brevis en ré
Joseph Haydn (1732 – 1809)
Kleine orgelmesse
César Franck (1822 – 1890)
Sous l’ombre fraîche des palmiers, extrait de Rebecca
Arthur Honegger (1892 – 1955)
Prélude arioso et fuguette sur le nom de Bach
Bernard Reichel (1901 – 1992)
Magnificat
Michel Hostettler (1940)
Psaume 121 et Voici le jour